Ça n’était pas prévu au programme. Fin août, nos amis Alex et Jean-Phi nous laissent un message vocal: "on a cru comprendre que vous aviez trouvé un abri pour Jade dans les mois à venir… dispos pour nous accompagner jusqu’en Nouvelle Zélande?". La dernière étape de leur voyage. Une proposition qui ne se refuse pas.
Dernières semaines à bord de Jade. Objectif: l’amener à bon port à Taravao, une baie très protégée située entre Tahiti Nui, la grande île, et Tahiti Iti, la Presqu’île. Avons quelques jours devant nous pour la préparer à notre départ… sous la pluie. Une sorte de micro-climat local dont, il est vrai, on nous avait parlé…
Mi-septembre: mon père passe nous rendre visite pour la 4ème fois du voyage. Pour la 1ère fois, il découvre vraiment la vie en voilier: mouillage, navigation… Avec une conséquence non prévue: en une nuit en mer, me voilà catapultée dans sa tête. Il est moi, il y a trois ans. Avant le bateau.
Après cinq semaines passées à la marina de Papeete, les îles Sous-le-Vent nous appellent. Nous n’avons que 15 jours devant nous… Fidèle à son rythme pépère, Jade se concentre, après escale à Moorea, sur les rivages de la première d’entre elles: Huahine. Avec une seule envie: plus tard, y retourner.
Un mois à la marina. Jade en avait besoin, nous aussi. On bricole, on s’achète des chemises à fleurs, on envisage même de rester un an de plus que prévu en Polynésie. Mais de sombres rumeurs finissent par atteindre nos oreilles: "super El Niño", "saison cyclonique hors normes"… Resteront? Resteront pas?
Expatrié en Australie depuis 15 ans en famille, Frédéric se cherchait un nouveau projet. Il a trouvé Dolphin Street dans le Sud de la France et pris la décision de ramener lui-même le bateau jusqu’à Sydney. Seul. Tout au long de ses 36 jours de transpacifique, Jade ne l’a pas lâché d’une semelle.
Juin est là. Il est temps pour nous de quitter (à regret) l’archipel des Marquises pour celui des Tuamotu, 500 milles nautiques vers le Sud-Ouest. Quitter les montagnes pour les atolls, la pierre pour le sable, le vert pour le bleu. On a beau s’y attendre, ça fait tout drôle…
Après trois semaines de récup’ à Hiva Oa, nous nous lançons dans l’exploration des Marquises. L’arrivée de notre ami Michel à l’aéroport de Nuku Hiva nous propulse directement vers le Nord… Qu’à cela ne tienne, nous visiterons l’archipel à l’encontre des vents dominants, au près, comme des warriors!
Après cinq semaines de mer, enfin, nous posons le pied sur la Terre des Hommes – Fenua Enata. Les Marquises s’offrent à nous par la grande île du Sud, Hiva Oa. Sommes instantanément éblouis par la beauté des paysages et par la gentillesse des marquisiens. Mais comme souvent, l’expérience aurait été tout autre sans une rencontre. Un vieil ami du capitaine…
Journal de Transpac (3/3) – Un mois, c’est quand même long…
Suite et fin de notre plus longue navigation à ce jour. De couchers de soleil en pleines lunes, de grains en grains, de pilotes qui bipent en petits plats qui font du bien, plongez dans le quotidien de deux marins… qui aimeraient bien ARRIVER!