Dix jours en van chez les Kiwis

Nous voici donc en Nouvelle Zélande: un nom qui rime avec… camping-car. Si si. Alors on s’en dégotte un et on part à la découverte des paysages époustouflants de l’île du Nord: baies immenses, vallées volcaniques, monts invisibles… Couvrez-vous, fait pas chaud.

Jade coule toujours des jours heureux (quoique pluvieux) à Taravao, Tahiti. Nous la retrouverons en avril prochain. D’ici-là, bonnes fêtes à tous!

 

 

 

13 novembre 2023 – Départ d’Auckland

10 heures – Auckland, à nouveau. Nous y étions il y a trois semaines, mais arrivés en avion. Aujourd’hui, nous avons dix jours de mer derrière nous. La ville est plus belle.

Ce matin, avons retenu nos larmes alors qu’à travers la fenêtre du ferry, Alexandra prenait quelques images de nos derniers instants ensemble. Elle et Jean-Phi ont prévu un mois pour mettre leur catamaran en état d’être vendu : quelques menus travaux, vérification du gréement, déménagement complet de leurs affaires. Puis ce sera découverte de la Nouvelle Zélande par la route, pendant trois mois. Christophe et moi n’avons que dix jours devant nous. Nous nous limiterons à l’île du Nord: voir peu, mais bien. C’est le programme.

Midi, Auckland – Van récupéré ! On the road again.

 

 

13h30, Thames, Coromandel Peninsula – Nouvelle Zélande : terre de pâturages, peuple de fermiers. Après une heure et demie de route depuis Auckland, c’est ce qui nous  frappe. Des centaines de vaches – pas encore de moutons, mais cela ne saurait tarder. On quitte les banlieues de la grande ville et l’on est directement catapulté dans le Massif Central – ou le Pays Basque, c’est selon. La baie de Thames, c’est la baie de Somme. Ne seraient les panneaux au bord du chemin, on se croirait sur les routes de notre bonne vieille France.

Une publicité de compagnie d’assurance plantée au milieu d’un champ vient résumer l’atmosphère ambiante : « Not a farmer ? No drama. We insure all kinds of businesses ». Les villages de Waitakaruru et de Pipiroa, que nous traversons sans nous y arrêter, ne sont qu’une concentration un peu plus forte de fermes sur le bord de la route. Ça n’est pas ici que nous trouverons de quoi nous sustenter ce midi. Allons devoir nous fier aux noms de villes en gras sur la carte – pas de gras, pas de ville, pas de dèj.

Poussons jusqu’à Thames (en gras, donc), à l’entrée de la Péninsule de Coromandel. Son Wharf Coffee and Bar est engageant. Fish and Chips bien fourni et sausages monstrueuses dégustées dans une enveloppe en papier sur une table en bois en bord d’estuaire. La rivière est marron et la marée, basse. L’air sent la vase. Les francs rayons du soleil se réverbèrent dans notre bouteille d’IPA locale. On est bien. On va encore trop manger.

 

C’est parti pour 10 jours en van sur les routes de l’île du Nord!

 

15 heures  – Première entorse à notre semblant de programme : allons consacrer la fin de journée à la péninsule de Coromandel. Un monsieur est venu discuter, ce midi entre la frite et le poisson frit, pour nous dire qu’il habitait à Coromandel Town, à 50 kilomètres au Nord. « C’est joli mais ce soir, ce sera sûrement un peu mort. Comme d’habitude, quoi ». Il ne nous en faut pas plus.

Quelques courses au supermarché de Thames. Le frigo du van est plein pour la première fois. Entre deux petits magasins de la rue principale, Pollen Street, s’intercalent les bâtiments plus anciens du Thames Masonic Center et du Working Men Club. Au XIXème siècle, Thames et sa région furent une destination privilégiée pour les chercheurs d’or. Aujourd’hui, une demi-douzaine de leurs dignes descendants arpentent la plage avec un détecteur de métaux.

18h30, Coromandel Town – Notre première soirée en van: comme des petits fous ! Avons étudié à fond les deux applications que l’on nous a conseillées pour trouver un emplacement pour notre bolide: CamperMate et WikiCamps NZ. Dans ce pays, tout semble avoir été pensé pour le bien-être camping-cars. Pour ce soir, avons opté pour un camping plutôt qu’un simple parking, histoire d’avoir une douche à disposition. Adaptables, certes, mais en douceur.

Programme du soir : ti-punch face au coucher du soleil avec le rhum offert par Alex et Jean-Phi, lecture du guide pour demain, soupe instantanée au chaud de notre maison sur roues. Bonne nuit les petits !

 

 

14 novembre 2023

6h45, Coromandel Town – Pas bien dormi. Froid, mal au dos, tête légèrement inclinée vers le bas pour cause d’emplacement pas parfaitement plat. On apprend. La nuit prochaine, on dormira mieux.

10h30, Whitianga – Pause scone-cappuccino dans cette mini-ville à l’entrée d’une baie pratiquement fermée. Nombreux voiliers au mouillage. On se surprend à penser qu’il s’agirait d’un superbe trou à cyclones… On prend un deuxième café. A l’entrée de l’établissement, un panneau propose de faire dresser son chien pour qu’il ne s’attaque pas aux kiwis quand on part à la chasse.

 

Un tunnel néozélandais de 1905… ça tient bien, vous croyez?

 

18h30, Tauranga – Galéré pour trouver un camping, ce soir. Faut encore qu’on se rode. Voulions viser le plus au Sud possible de la Bay of Plenty (avec un nom pareil, ça doit être beau), afin de nous avancer pour les jours à venir. Raté. Avons atterri dans les bouchons de fin de journée d’une ville immense. Il est déjà tard et nous nous retrouvons devant la barrière baissée d’un camping glauquissime. Tentons un emplacement gratuit un peu plus loin : une place de parking face à la baie, certes, mais dans un petit parc bien isolé et bien sombre… On dégage vite. On se rabat sur un camping des environs du Mont Maunganui, l’attraction locale. L’idée était au départ d’éviter la zone et ses grosses structures touristiques. Finalement, trouvons une place parfaite juste en bord de mer. Trop tard et trop froid pour prendre l’apéro dehors : on se calfeutre bien au chaud dans notre cocon de van et on trinque face au hublot, rideaux ouverts sur le large.

 

15 novembre 2023

7h30, Tauranga – Petit déjeuner parfait face aux rouleaux gris qui s’écrasent sur le sable blanc de la plage. Quelques promeneurs en doudoune, avec ou sans chien. Au loin, deux porte-containeurs en attente et deux îles dans la brume. On se sent loin de la ville, et pourtant. Renonçons à gravir le Mont Maunganui, drapé dans le mauvais temps.

 

 

8h50, sur la route de Rotorua – Paysage viticole, mais pas du tout comme on l’entend : ici, les pieds de vigne poussent derrière des haies toutes droites de quatre à cinq mètres de haut, murs immenses qui les cachent de la route. Pour quelle raison ? Les protéger des voitures ? Des vaches ? Des badauds ? Dérober à la vue de tous ce fruit source de péché mortel ?

Avant d’obliquer vers la route 33, avons traversé Te Puka, la « Kiwifruit capital of the World ». Aucun marchand d’aucun fruit dans les environs. Partout, des magasins d’engrais et de tracteurs.

 

 

15 heures, Rotorua – Ce matin, sentiment étrange pendant la Cultural Performance à laquelle nous avons assisté au centre Te Puia. Les neufs danseurs passaient sans transition de haka interprétés avec force grimaces et gros yeux, presque en transe sur fond de percussions pures, à des morceaux de variété chantés sourire aux lèvres, accompagnés à la guitare, qui n’avaient plus de maori que les paroles – et encore, pas sûr. Entre chaque séquence, l’une des danseuses prenait la parole dans l’accent britannique le plus académique pour expliquer à l’assistance le sens de tel ou tel enchaînement ou accessoire…

Réalisons d’un coup que, depuis notre arrivée, nous n’avons vu de spectacles maori que dans les musées : quel contraste avec les musiques qui résonnent dans toutes les ruelles de Polynésie ! La culture maori ne serait-elle devenue qu’un objet de folklore figé, exhibé uniquement pour les touristes et les fans de rugby ?

 

Geysers et piscines de boue bouillante: Te Puia est un site volcanique actif.

 

17 heures – Petit plouf dans la piscine d’eau chaude de notre minuscule camping, le bien-nommé Cosy Cottage Thermal Holiday Park. Et si, un de ces quatre, on se payait un bain de boue ?

 

 

Minuit – Ça valait le coup de dîner de bonne heure. Sur les conseils d’Emilie, amie de Papeete, avons passé la soirée suspendus entre les branches de la Redwood Forest au milieu des lampions en bois et des lucioles multicolores. Retombés en enfance. Larmes d’émerveillement.

 

 

16 novembre 2023, Rotorua

11h30 – Notre premier bain de boue !

 

 

18 heures – Marche de presque trois heures autour du Blue Lake et du Green Lake, à l’Est de Rotorua. Fougères (arborescentes ou pas, au choix), pins, séquoias, mousses et lichens. Forêt du carbonifère – ou du cétacé, je ne saurais pas dire, je n’y étais pas. Ne serions pas étonnés qu’un diplodocus pointe le bout de son cou énorme au détour du chemin.

Des deux lacs, aucun n’est plus bleu ou vert que l’autre – d’autant plus que la fine couche de nuages filtre toute luminosité. Pourtant le contraste est saisissant : le lac vert est tapu, sacré pour les Maoris, alors que le bleu ne l’est pas. Conséquence : autour du Blue Lake se sont développés un camping (dans lequel nous nous sommes installés pour cette nuit), une petite base de ski nautique, une zone de baignade et de paddle, une rampe de mise à l’eau de petits bateaux, une route goudronnée. Autour du Green Lake : rien. Enfin, si : un panneau indiquant qu’il est interdit d’y pêcher, de s’y baigner ou d’y promener son chien. Seul point commun entre les deux plans d’eau : les canards, placides, qui barbottent à la surface – et qui, aux dernières nouvelles, ne savent pas lire.

Nous ne sommes même pas certains d’avoir le droit de marcher sur le chemin où nous marchons. De plus en plus étroit, mangé par les fougères et tapissé d’une mousse de plus en plus épaisse à mesure que nous progressons, peut-être lui aussi est-il tapu. Nous avançons dans le silence et le doute, comme des voleurs. Je repense à ce qu’écrit Bob Putigny dans son livre Le Mana, qu’Isabelle nous a prêté pour que nous comprenions mieux la culture polynésienne : attention aux malheurs qui surviennent à ceux qui osent enfreindre l’interdit suprême… S’il nous arrive quoi que ce soit de fâcheux dans les jours à venir, nous saurons pourquoi.

 

 

17 novembre 2023

Midi, Waimangu Volcanic Valley – Qui l’eut cru ? Après avoir vu le deuxième lac bouillant le plus grand du monde en Dominique il y a un an et demi (à lire ici), venons de voir le premier. Ce 19 mai 2022, en admiration devant la piscine à bulles du Boiling Lake, étions à des milliers de kilomètres d’imaginer qu’un an et demi plus tard, nous serions en extase devant le grand frère néozélandais. Avions cherché, tout de même : ami Google, si le 2ème est ici en Dominique, où se trouve donc le premier ? Mais l’information était entrée par une oreille et dare-dare ressortie par l’autre : la Nouvelle Zélande ? Ce sera pour une autre vie.

Ici, même type de vallée chaude et colorée qu’en Dominique – seulement, le sentier est balisé et proprement aménagé. Ici comme là-bas, la terre gronde, souffle, érupte, parle. Un fond sonore constant fait d’eau qui coule ou qui bouillonne. Une brume de souffre qui, toujours, plus ou moins épaisse suivant les méandres de la rivière, nous enveloppe. A cet endroit précis, avant la dernière grande éruption de 1917, on pouvait marcher. Là, quatre touristes ont trouvé la mort au début du XXème siècle pour s’être approchés trop près d’un geyser aujourd’hui endormi. Suivons scrupuleusement les délimitations du chemin.

La route s’achève au niveau du lac Rotomahana. Ici, les eaux froides se mélangent aux eaux chaudes, les sources se marient. La vie peut reprendre ses droits. On se surprend à épier pendant de longues minutes une mère cygne noir et ses petits batifolant dans les roseaux.

 

Petit combo de la Waimangu Volcanic Valley en vidéo.

 

16h30, Tongariro National Park – Arrivée sous une pluie battante au Tongariro Holiday Park, le camping le plus proche de la randonnée mythique du même nom que nous avons prévu de faire demain. Prévisions météo trop pourries : pas de navette pour nous y conduire, marche fortement déconseillée. Allons revoir nos plans…

Il n’y a donc pas qu’en bateau que tout change tout le temps. Dès que le ciel est en jeu, il faut se tenir prêt à improviser. Question au patron du camping : « Et… vous avez une idée de quand la météo est censée s’améliorer… ? ». Réponse : « Who knows ? ».

 

18 novembre 2023

7h45 – Le ciel n’a jamais été aussi gris. Les montagnes, censément superbes, sont invisibles. Le sol du camping est détrempé. Je dessine des bonshommes sur les vitres du van. Pas de randonnée pour nous aujourd’hui, on continue notre route. Quitte à revenir dans quelques jours.

8h10 – Traversons un long plateau gris et monotone bordé d’une sorte de bruyère jaune. Impression moyennement agréable d’évoluer dans un film mal colorisé des années 50. Quand soudain… un coin de ciel bleu !

8h20 – De la NEIGE !!! Les dômes blancs alentour se découvrent un peu à mesure que nous nous en éloignons. N’avions pas vraiment anticipé cela. Peut-être pas plus mal, finalement, de reporter cette rando. Allons en profiter pour nous acheter des chaussettes chaudes et des collants.

 

De la NEIGE!!!
De la NEIGE!!!

 

11 heures – Descendons la route qui suit le cours de la Whanganui River, plus grande voie navigable de Nouvelle Zélande. Au détour d’un virage, apercevons un canoë manœuvré par un couple d’aventuriers à chapeau mou. C’est la seule embarcation que nous verrons empreinter cet axe pourtant immense. La rivière serait-elle, elle aussi… tapu ? Le Lonely Planet nous apprend que nous nous trouvons devant la première rivière juridiquement considérée comme une personne, et ce depuis 2017. Nous nous inclinons et continuons notre route.

13 heures, Whanganui – Déjeuner à la kermesse de la ville d’un sandwich au jambon à l’os, calés sur une chaise en plastique au bord du fleuve. Whangarui sent les années 70 à plein nez : la musique rock-pop-reggae du gars qui gratte sa guitare sur la place, le look des gens jean-cheveux mi-longs , les affiches bariolées sur les murs… tout nous porte au hippie. Trouvons ici la plus grande concentration de « vieux » bâtiments que nous ayons vue depuis le début de ce trip : fin XIXème, définition d’une antiquité néo-zélandaise.

La pluie est revenue. Pas d’amélioration prévue avant deux jours.

 

 

19 novembre 2023

9h30, New Plymouth – Quittons la ville sous des trombes d’eau, qui ne nous quittent pas depuis hier midi. De la petite ville portuaire de New Plymouth, n’aurons vu que le port, un camping et un bar (le Snug, très sympa au demeurant, où nous aurons croisé un jeune Français qui fait des pizzas). Le Mont Taranaki, majestueux dôme volcanique se dressant seul dans la plaine, principale raison pour laquelle nous sommes venus jusqu’ici, sera resté parfaitement invisible. D’ailleurs… existe-t-il vraiment ?

C’est LE problème, en Nouvelle Zélande: ici, ce sont surtout les extérieurs qui se visitent. Or il est loin d’y faire toujours beau. MetService New Zealand diffuse une alerte orange aux fortes pluies pour aujourd’hui et demain…  Plutôt que de tourner en rond au pied d’une montagne qui n’existe pas, préférons reprendre la route. Direction le Nord – sans trop nous éloigner tout de même car nous gardons l’espoir de pouvoir faire notre randonnée dans le Tongariro National Park après-demain. Il y a des grottes, les Waitomo Caves, qui nous tendent les bras sur cette route : s’abriter de la pluie sous les stalactites, c’est-y pas la classe ?

11 heures – Avons rejoint la mer. Le ciel semble s’ouvrir un peu. Falaises et rouleaux : cette fois, sommes en Normandie.

 

 

15 heures, Waitomo Caves – Les grottes dégueulent leurs groupes de touristes sur le parking. Bien qu’en retard sur le peloton car n’ayant rien réservé, nous faisons partie du troupeau.  Bizarrement, cette idée nous déplait. Les visites des grottes les plus réputées sont pleines. Et puis c’est diablement cher. Un cappuccino et puis s’en va. Direction : la mer.

18h30, Kawhia – N’avions pas encore eu de place de camping aussi près de la mer. Notre van va-t-il se réveiller demain les roues dans l’eau ? Avons marché une petite heure sur la plage de Kawhia puis erré dans les rues (LA rue ?) du village : un Fish and Chips (fermé), un pub (ouvert et bondé) et une supérette (en train de fermer). Le tout noyé sous les averses.

Sans la pluie, notre parcours eût été tout différent. Aurions certainement gravi le Mont Taranaki qui trône sur tous les guides, mais n’aurions jamais poussé jusqu’à ce village de pêcheurs du bout de la route du bout de la baie. N’aurions jamais mis les pieds dans ce camping gratuit – car oui, comme il accueille ce soir un groupe de 40 pêcheurs qui « risquent de faire un peu de bruit jusqu’à 22 heures », le gérant a insisté pour nous offrir la nuit. Les rideaux du van sont tirés sur l’estran qui s’est découvert pendant l’apéro. Mouettes et huitriers pie fouillent la vase de leur bec orange. Boue du monde.

 

 

20 novembre 2023

8h20, Kwahia – De nouveau sur la route. Le ciel est différent : moins bas, moins sombre. Il y a de l’espoir.

11h10 – Prairies à vaches et moutons, forêts de pins immenses aux troncs tout droits. A l’arrivée des premiers Hommes, cette terre de Nouvelle Zélande devait offrir un visage bien différent de ce que nous avons sous les yeux : tous ont déboisé à outrance, Maoris puis Européens, tant et si bien qu’il a fallu replanter de nouvelles essences, venues d’ailleurs et propres à être exploitées. Restent les kauris, pauvres géants aux pieds malades, et les fougères arborescentes.

18h30, Tongariro National Park – Avons bien fait d’arriver tôt au camping : tout l’après-midi il s’est rempli, van par van et tente par tente. Plutôt bon signe : ne sommes pas les seuls à espérer une météo clémente pour l’Alpine Crossing Trail de demain.

 

21 novembre 2023, Tongariro National Park

5h30 – Lever sous un ciel nuageux. Quelques gouttes de pluie. Prêts pour nos huit heures de marche. Y verra-t-on quelque chose ? Rien de moins sûr.

 

Prêts pour découvrir le magnifique panorama au sommet du Red Crater?

 

22 novembre 2023

7h20, Tongariro National Park – Quittons le camping sous un ciel parfaitement bleu. Le Red Crater qu’hier nous n’avons pas pu voir (même en marchant dessus) étincelle dans le soleil. Aujourd’hui, il nous faut remonter sur Auckland.

L’expérience d’hier, malgré le manque de visibilité tout en haut, valait la peine. Avons vu une nature hostile, grise, minérale, froide, la haute montagne néozélandaise telle qu’elle est 90% du temps. Pas étonnant qu’elle se soit d’emblée imposée comme sacrée aux Maoris. Avons arpenté ce chemin au milieu des touristes, certes, mais tout de même seuls, tout petits face aux rochers coupants, aux vents glacés. Là-haut, dans la descente glissante en bord de cratère, c’était chacun pour soi. Puis le paysage a changé avec la redescente. Après les dernières plaques de neige, les nuages se dissipent. Reviennent alors la lumière, les couleurs, la chaleur. Les chants d’oiseaux. On découvre avec des yeux neufs un monde à nouveau habitable par des humains.

 

Le Red Crater sous le soleil... le jour du départ!
Le Red Crater sous le soleil… le jour du départ!

 

20h40, Clark’s Beach – Dernière nuit dans notre petit van. Avons fait quelques pas sur la plage à la tombée du jour, dans cette banlieue lointaine et chic d’Auckland aux pelouses impeccablement tondues et aux maisons vitrées donnant sur la baie. En ce milieu de semaine, elle ne semble peuplée sur de merles, de hérons et de lapins, qui bougent à peine à notre approche.

Avons dormi deux heures dans l’après-midi et pourtant, ce soir, nos paupières sont lourdes : le Tongariro nous demandera encore bien un jour de récupération. Nos jambes sont en béton. Demain : Auckland.

 

 

24 novembre 2023 – Auckland, Nouvelle Zélande

19h20 – Dans le vol retour vers Tahiti. Ce midi, avons dit un dernier aurevoir aux copains – autour d’une raclette, comme il se doit. Il y a trois mois, c’était déjà autour de fromage fondu, au Belvédère surplombant la baie de Papeete, qu’Alex et Jean-Phi nous avaient proposé cette escapade en Nouvelle Zélande.

Avec le décalage-horaire, allons cette fois vivre deux fois la même journée. Si j’écris : « ce matin 24 novembre 2023 à 8 heures, j’ai ouvert les yeux dans une chambre d’hôtel d’Auckland », cette proposition est vraie. Si demain j’écris « ce matin 24 novembre 2023 à 8 heures, je me suis levée à Tahiti dans ma cabine, à bord de Jade », ce sera également vrai. Décidément, le voyage, je n’en reviens toujours pas.

 

 

27 novembre 2023 – Taravao, Tahiti

11 heures – QUE CALOR !

19 heures – Depuis deux jours, retrouvailles avec les couchers de soleil à 18 heures et les 30 degrés à l’ombre. Les chiens errants, les coqs sauvages et les moustiques. Les « ia ora na » à tous les inconnus qui passent, les discussions sans fin avec le marchand de bananes du bord de la route ou la gérante de la laverie. Comme un retour à la maison.

Grâce aux soins de Muriel, notre Jade va bien. Elle mériterait certes une bonne et longue aération, ainsi qu’un bon coup de karcher sur le pont… Mais nous ne sommes là que pour trois jours. Aucun intérêt. Juste un petit aperçu, au bout d’un mois, du travail qu’il sera nécessaire de fournir à notre retour définitif, dans quatre mois. Une certitude: on va transpirer.

 

Avec Muriel et sa famille, on s'est découvert des amis communs, à La Rochelle: les propriétaires du chantier Hervé, ceux qui ont aménagé Jade! (le monde est petit, quand même)
Avec Muriel et sa famille, on s’est découvert des amis communs, à La Rochelle: les propriétaires du chantier Hervé, ceux qui ont aménagé Jade! (le monde est petit, quand même)

 

28 novembre 2023 – Puna’auia, Tahiti

3h55 – Petit-déjeuner sur le pouce dans la cuisine d’Isabelle et Patrick qui, pour la seconde fois en un mois, nous ont invités à dormir chez eux à deux pas de l’aéroport. Dans la corbeille à fruits, trois avocats se disputent l’espace avec trois mangues bien mûres : avec la saison cyclonique qui fait fuir les touristes arrive également celle de l’abondance, des paniers tressés débordant de victuailles. Dehors, la lune éclaire les vagues qui se brisent doucement sur le récif. La mer est un tissu de soie à peine froissé.

Nous portons au cou le collier de coquillages qu’Isabelle et Patrick nous ont offert hier soir – c’est ici la tradition, au départ des visiteurs. Notre collier de fleurs, que l’on donne à l’arrivée, nous avait été offert il y a huit mois à Hiva Oa, aux Marquises, par d’autres amis : Alexandra et Jean-Philippe, ceux que nous venons de laisser en Nouvelle Zélande.

Nostalgie, déjà. Pas encore partis, et Tahiti nous manque.

 

Rendez-vous en avril pour la suite du voyage!
Rendez-vous en avril pour la suite du voyage!

1 Comment

  1. C’est marrant, à la lecture on ne sait pas trop si vous avez aimé la NZ ou pas ?
    Pas de cyclone en NZ ?! On a pourtant fait la course avec le cyclone Cook en 2017 ^^!!! Du Taranaki à Warkworth au dessus d’Auckland ! Et le cyclone Gabrielle a fait de gros dégâts sur la côte Est en début d’année : j’espère que vos amis passeront à travers. Même période que pour ici : novembre > avril… La bonne nouvelle ici (et pour Jade) c’est qu’il pleut tellement que l’océan ne se réchauffe pas vraiment… Donc, à priori, on passera à travers !
    On fera aussi le Maunganui, les lacs vert et bleu et la balade dans les arbres : en espérant qu’on ait beau temps ! On sera en équivalent automne.

    Hâte de lire les prochaines aventures ! En attendant… très bonnes fêtes à vous !!!

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