Bonaire et Curaçao: la beauté des « îles inutiles »

C’est le nom qu’Amerigo Vespucci donna aux Petites Antilles Néerlandaises, en 1499, lorsqu’il y posa les pieds: trop sèches, trop pauvres. Inutiles. Nous y avons trouvé des paysages dignes de l’Arizona, des spots de plongée à couper le souffle, de petites villes tout en couleurs. Quand c’est beau, nul besoin que ce soit utile… pas vrai?

 

 

 

12 octobre 2022, 17h15 – Bouée devant Saint-Georges, Grenade

Ambiance de grand départ. Ce matin, avons fait les formalités de sortie de Grenade ainsi que les incontournables emplettes de pré-navigation au petit supermarché du coin. Cet après-midi : un peu de cuisine pour moi afin d’être tranquilles pour les deux-trois premiers repas ; préparation du nécessaire à trinquette et tangon pour le capitaine, au cas où. Puis plus rien. Préparation psychologique. On souffle, on se détend.

Dernier plouf dans les eaux de l’arc antillais. Sommes prêts, tendus vers le départ de demain. Anxieux, non. La météo annoncée est bonne, un peu de vent mais pas trop, au portant pendant quatre jours. Avons préparé cette traversée aussi sérieusement qu’une transatlantique. C’est que la dernière fois que nous avons navigué aussi longtemps, c’était il y a presque un an… On souffle. On se détend.

 

13 octobre 2022 – Traversée Grenade-Bonaire, jour 1

12h30 – Avons quitté notre bouée il y a une demi-heure. Jean-Paul, notre ami du Pays Basque venu nous rejoindre pour quelques semaines, a déjà mis en place la traine et la canne à pêche. JP is in the place. Les dorades et autres thons n’ont qu’à bien se tenir. Sommes pour le moment sous le vent de Grenade. Avançons à trois nœuds, au grand largue. Le routage de notre logiciel de navigation nous fait arriver dimanche dans la nuit alors que nous souhaiterions arriver plutôt de jour : pendant cette traversée nous aurons du temps à perdre, autant commencer dès maintenant – ceci dit, à ce train là, c’est une semaine qu’il va nous falloir.

15h20 – Notre premier après-midi de traversée oscille entre peu de vent et pas de vent. Par conséquent, Jade oscille entre voile et moteur, et nous-mêmes, entre joie et dépit. Avec un petit grain au milieu, comme il se doit.

Je sais qu’aujourd’hui j’oscille, et que demain, j’oscillerai moins. Après-demain, plus du tout. Je sais que les jours en mer successifs ont toujours, sur moi, cet effet : égaliser mon humeur, assagir mon caractère. Lisser et rallonger la houle de mes pensées. En mer, l’impatience n’a pas sa place.

 

14 octobre 2022 – Jour 2 de traversée

2h10 – Je prends mon quart. Tellement mal dormi ! Rageant d’avoir, pour une fois, la possibilité de roupiller six heures d’affilée grâce à la présence de Jean-Paul et d’être incapable d’en profiter. Du coup, on s’énerve. Du coup, on dort encore moins. Nuit blanche.

Blanche, aussi, à cause de la lune. Ce soir, elle est aux trois-quarts pleine. En mettant le nez dehors tout à l’heure, j’y voyais comme en plein jour. Cru quelques secondes que le capitaine m’avait laissée somnoler jusqu’au petit matin.

11 heures – Ai essayé une première fois de me lever vers 8 heures : mauvaise idée. Nausée, fatigue. Me suis recouchée pour deux heures de rab et ça va mieux. Ah, la gestion du sommeil en navigation… Ma partie préférée.

12h10 – Le capitaine vient de s’atteler, juste avant le déjeuner, à quelque chose dont nous parlions depuis un moment : adapter les rails de fargue de la table du carré à celle du cockpit. En étant trois à table, il devient indispensable de pouvoir ouvrir complètement la table, dehors, sans que les plats nous tombent sur les genoux. Alors que Jean-Paul et moi nous appliquons à garnir la table, Christophe fait des trous dedans.

14 heures – Pour la première fois du voyage, essai du tangon. Nous n’allons pas beaucoup plus vite (tel n’était pas notre but) mais le génois ne bat plus et nous avons gagné 10 degrés de cap.

15 heures – Visite des grands dauphins gris. Un parfait équilibre entre danse et jeu. Et nous face à eux, toujours, enfants.

 

Notre traversée Grenade-Bonaire en trio, et en images!

 

15 octobre 2022 – Jour 3 de traversée

6 heures – Empannage au petit matin. Christophe ne voulait pas me réveiller mais à 5h35, barouf pas possible sur le pont : un tangon qui change de côté, ça passe difficilement inaperçu.

11h30 – Conditions magnifiques : 15 à 17 nœuds de vent au grand largue, un peu plus de 5 nœuds de vitesse, 125 milles par jour en moyenne. Tranquille, efficace.

14 heures – Hortense est passée nous rendre visite: sorte de petite hirondelle venue se poser là. Hortense ferme ses petits yeux sans arrêt et boude les miettes de pain qu’on lui propose. Hortense est bien loin des côtes, et mérite un petit somme. Quatre passagers à bord : Jade n’a jamais transporté autant de monde.

 

16 octobre 2022 – Jour 4 de traversée

00h30 – Prendre son quart. Ce moment si dur où il faut émerger de son sommeil et prendre la relève. Ces trois heures si chouettes rien qu’à soi, à ne faire que regarder la lune monter au ciel si bon nous semble, sans avoir de comptes à rendre à personne.

12h30 – Venons de prendre notre décision entre l’option 1/ foncer sur Bonaire au moteur pour y arriver avant la nuit et l’option 2/ nous ralentir afin d’arriver demain matin. On va prendre notre temps. Quelle idée d’arriver en avance sur une île où il est strictement interdit de jeter l’ancre!

16 heures – Venons de nous mettre à la cape. Jade tangue au milieu du rien sans plus avancer. Au passage je réalise que oui, je dois maintenant avoir une petite expérience de navigation: cette voile d’avant gonflée dans le mauvais sens me fait mal au cœur.

18h30 – Ambiance étrange de l’attente en mer. Jade est un bouchon sur l’océan, sans  but. Avons tout de même dérivé de 2,4 milles en deux heures : s’agirait pas de se vautrer sur Bonaire en pleine nuit. Le capitaine garde un œil sur le GPS. Jean-Paul nous prépare des tortillas au fromage – stratégie de cuistot pour écouler notre excellent cheddar grenadien. Le mousse regarde l’horizon, au loin, l’estomac dans les chaussettes.

23h15 – Trois heures que je devrais dormir et que je ne dors pas. Pas une seconde. Le roulis est beaucoup trop fort. Christophe vient de décider de nous remettre en route, sous trinquette, vers la pointe Sud de l’île. Avançons à la vitesse lumière de trois nœuds. Surtout, ne pas aller trop vite.

Crevée, sur les nerfs, le bide au bord des lèvres. Pour une fois, appelons un chat un chat : ces six heures à la cape, je n’ai pas DU TOUT aimé. Hâte d’arriver. Voir les buttes de sel du Sud de Bonaire étinceler dans l’aube.

 

 

17 octobre 2022 – Arrivée à Bonaire

2h45 – Fou comme la vie va beaucoup mieux quand on a réussi à dormir trois heures. Même à une vitesse de trois nœuds, on roule mille fois moins en faisant route qu’en faisant du sur-place.

Bonaire est plate. Comme le plat pays dont elle dépend. Deux étranges tours à loupiotes rouges, sur sa pointe Sud, rappellent qu’aujourd’hui comme hier, le sel est l’une de ses principales richesses.

5h15 – Sentiment d’attente avant l’impact. Suis de veille, mes deux coéquipiers dorment. Encore deux heures à ce rythme puis il faudra préparer les amarres, appeler à la VHF, hisser le pavillon, manœuvrer dans un port. Être au taquet – suis toujours en extase devant cette expression si bien trouvée.

5h40 – Le ciel commence à rougeoyer à l’Est. Bientôt de retour dans le monde des Hommes. À la marina et au mouillage sur bouée juste devant, on distingue des dizaines de bateaux. N’avons pas croisé un seul voilier de toute la traversée. Ils sortent d’où, tous ceux-là ?

8h02 – Enfin une voix à la VHF. À 7h58, elle ne répondait pas. À 8h02, c’est bon. Voix féminine, sympathique, précise, efficace. Qui met fin à deux heures de ronds dans l’eau. Merci madame.

 

 À Bonaire, Jade retrouve une place en marina pour la 1ere fois depuis 10 mois (c'était à Mindelo, au Cap-Vert, de l'autre côté de l'Atlantique)...
À Bonaire, Jade retrouve une place en marina pour la 1ere fois depuis 10 mois (c’était à Mindelo, au Cap-Vert, de l’autre côté de l’Atlantique)…

 

15 heures – Avons amarré Jade, marché 20 minutes jusqu’au centre-bourg, accompli nos formalités d’entrée dans le pays, déjeuné d’un bon gros burger et acheté nos permis pour avoir le droit de plonger dans les eaux protégées de Bonaire. Kralendijk ressemble à un village de Hollande en carton-pâte qui aurait un peu raté le coche. Maisons neuves et colorées mais travaux partout, petits magasins de souvenirs désœuvrés en cette morne saison (ai flashé sur les chaussons en plume en forme de flamants roses), ambiance balnéaire un brin désuète. Du charme, quoi.

 

 

18 octobre 2022 – Harbour Village Marina, Bonaire

12h30 – Journée-récup. Venons de faire un achat utile : un guide des plongées de Bonaire. Ici, c’est LA chose à faire. Les côtes de l’île chutent assez abruptement jusqu’à plusieurs centaines de mètres de profondeur, les sites de plongées s’égrainent tout le long du tombant. L’ensemble est une réserve naturelle protégée. On paie 25 dollars pour avoir le droit de faire plouf. Un modèle économique entièrement basé sur le tourisme et la conservation des sites marins qui, à l’échelle de cette petite île de 20 000 habitants (et avec l’appui de l’Etat néerlandais, que je ne sais pas chiffrer), semble fonctionner.

Hervé, un français qui a son catamaran à quelques pas de Jade et navigue dans le coin depuis pas mal de temps, nous a proposé hier soir de nous guider parmi la centaine de sites de plongée de l’île. Selon lui, la réserve marine de Bonaire est un vrai paradis. « Avec un grand P, un grand A, un grand R… », je cite. Hâte de voir ça.

Pour le moment, sommes un peu coincés au bateau pour cause de batteries en panne : hier le propulseur d’étrave (dont on apprécie justement la présence, en général, lorsqu’on manœuvre dans une marina), ne répondait plus. Le capitaine s’octroie la journée pour identifier le problème, en fond de cale. Jean-Paul et moi comptons les tortues qui nagent dans le port. Au loin, deux iguanes gris font le guet devant la capitainerie. On va aimer Bonaire.

17h45 – Jusqu’à aujourd’hui je l’avoue, « Antilles » et « Pays-Bas » occupaient deux cases bien distinctes de mon cerveau – et plutôt éloignées l’une de l’autre. Avant ce voyage, je n’avais jamais entendu parler des Petites Antilles Néerlandaises. Or j’apprends, en lisant notre guide de plongée, que les premiers européens à y avoir mis les pieds les ont nommées « Islas Inutiles ». J’aime l’idée de découvrir, dans les semaines qui viennent, ses îles inutiles. D’ailleurs n’est-ce pas le propre de ce qui est beau : n’avoir aucun besoin d’être utile ? Vous avez quatre heures.

 

Trouvaille extraordinaire au supermarché de Bonaire: de la Chouffe en canette!!!
Trouvaille extraordinaire au supermarché de Bonaire: de la Chouffe en canette!!!

 

19 octobre 2022 – 20h30, Harbour Village Marina, Bonaire

Première plongée à Bonaire, ce matin, en compagnie d’Hervé. L’avons suivi pour louer les bouteilles, trouver le bon site, flâner parmi les petits poissons. Pour moi, première plongée en dehors du cadre d’un club : on gare sa voiture à la plage, on se met à l’eau avec le matériel sur le dos, on palme cinq minutes, on plonge. Simple, efficace, décontracté. Pour Christophe : première plongée depuis son décollement de rétine de janvier, en Martinique. Par prudence, n’avons pas dépassé les 20 mètres de profondeur. À la sortie, tout baigne.

Cet après-midi, bonheur de retrouver au supermarché, grâce à la voiture prêtée par Hervé (encore lui !): du fromage, de la viande, des tomates (importées de Hollande et à 8 dollars le kilo : on en a pris trois pour la forme), et même de la « Franse Baguette » à faire cuire au four en 10 minutes! En face du supermarché, le Monsieur Bricolage du coin aura aussi fait mon bonheur, le temps d’un fou rire : l’enseigne s’appelle KOOYMAN. À prononcer… comme ça s’écrit.

 

20 octobre 2022 – 13h30, Harbour Village Marina, Bonaire

Seconde plongée du séjour, au pied du ponton de chargement et déchargement du sel, au Sud de l’île. Décor de science-fiction. Dedans, une vie paisible, de toutes les couleurs.

 

Combo vidéo de nos plongées à Bonaire – avec mention spéciale pour le site de Salt Pier, qui nous a le plus impressionnés.

 

22 octobre 2022 – 21h30, Harbour Village Marina, Bonaire

Aujourd’hui, virée en voiture au Nord de Bonaire, direction le Washington-Slagbaai National Park. Petit air d’Arizona des Caraïbes : cactus le long de la route, éoliennes grinçantes, falaises jaunes, maisons en bois. Même le Cosy Corner, petit restaurant de Rincon (ville la plus ancienne de l’île), où nous déjeunons d’un burrito et d’un poulet grillé, tenu par une chinoise (que fait-elle ici ?), pourrait être américain. Excepté qu’à la radio, ça parle papiamento : mélange local de portugais et d’espagnol mâtiné de plein d’autre trucs, fruit de l’histoire compliquée de ces îles néerlandaises si lointaines.

Soirée à la recherche des flamants roses, mascotte de l’île mais peu nombreux en cette saison. Finissons par en trouver quelques-uns sur la Gote Meer, plus grande lagune du coin. En arrière-plan le Mont Brandaris, 241 mètres, culmine sur Bonaire entière.

 

 

24 octobre 2022 – 12h30, Harbour Village Marina, Bonaire

Ce matin dernière plongée à Bonaire, toujours en compagnie d’Hervé. Le site du jour s’appelait Angel City. Dès qu’on a la tête sous l’eau, on comprend pourquoi: une ville-à-poissons de corail dont on survole les buildings colorés.

Hier, avons déjeuné tous les quatre en bord de lagune, sur la côte-au-vent de Bonaire. Il y a une semaine, nous mettions Jade à la cape juste devant cette même côte. Nous n’imaginions pas, alors, ces paysages du Sud : lagunes turquoises et salines roses, en eaux entrecroisées. Impossible d’en rendre compte visuellement sans faire voler un drone – ce qui n’est pas autorisé à si faible distance de l’aéroport, mes excuses.

Le Fish and Chips, en tous cas, était extra. Ai réalisé, en y plantant ma fourchette, que mon dernier remontait à Gibraltar, il y a plus d’un an. Ai également découvert, sur la plage devant la lagune, que les iguanes raffolaient des spéculos servis avec le café. Et éventuellement, du bout de doigt qui se trouve au bout.

 

 

26 octobre 2022

2h du matin, Harbour Village Marina, Bonaire – Dernière soirée à Bonaire, mémorable : avons fêté l’anniversaire de Jean-Paul à bord, en compagnie d’Hervé et d’une recette réunionnaise de « bol retourné » concoctée par notre équipier-cuistot. Petit pincement au cœur : pendant plus d’une semaine Hervé, un inconnu, fut notre guide ici. Grâce à lui, notre découverte de cette île aura été très différente de ce qu’elle aurait pu être. Avons été « accueillis » à Bonaire, sans avoir rien demandé. Rencontre de hasard qui a tout changé.

Demain matin (euh… dans six heures, en fait), départ pour Curaçao. 35 milles à faire. Avec gueule de bois probable.

 

 

19 heures, baie de Spanish Water, Curaçao – Navigation de six heures au moteur. Pas de vent du tout, houle de travers, estomac en vrac. On fait mieux. Entrée dans la baie par une passe étroite et tordue. Plateforme pétrolière sur bâbord et clubs de vacances sur tribord, à l’image de ce que nous savons de Curaçao : une île qui vit à la fois du tourisme et du raffinage du pétrole vénézuélien – quand le Venezuela est autorisé à y exporter son pétrole. Au moment où nous entrons dans la passe, un spectacle de tissu aérien est donné dans un resort sur la plage, à grand renfort de décibels. Une centaine de spectateurs en maillot de bain fait face à la mer. Combien sont-ils à avoir remarqué, en arrière-plan derrière l’équilibriste, le voilier rouge qui s’avançait en silence ?

 

L'arrivée à Curaçao, entre pétrole et vacances.
L’arrivée à Curaçao, entre pétrole et vacances.

 

27 octobre 2022 – 18 heures, mouillage de Spanish Water, Curaçao

Formalités d’entrée accomplies ! On nous avait dit qu’ici, elles étaient longues et compliquées. Mais non. Trente minutes en taxi aller, trente minutes de bus retour, et visite de Willemstad, la petite capitale, entre deux bureaux. Bâtiments colorés, canal à pont flottant. Petit air d’Europe, façon maisons de poupées. Goût d’’Amérique latine, aussi, qui s’invite par la musique dans les petites boutiques de fripes. Les rues parlent espagnol, anglais, hollandais… à moins que ce ne soit du papiamento. Le continent américain est à moins de 40 milles.

 

Le pont de la Reine Emma à Willemstad, construit en 1888, serait le plus ancien et plus long pont flottant du monde… Il pivote une trentaine de fois par jour pour laisser passer toutes sortes de bateaux, jusqu’aux gros pétroliers.

 

 

 

28 octobre 2022 – 21 heures, mouillage de Spanish Water, Curaçao

Tisane sur le roof. Le plan d’eau de Spanish Waters est un miroir. Un grand nuage blanc s’y reflète de tout son long dans la nuit. Les loupiotes blanches des mâts au mouillage et des hôtels de plage se confondent. Là-bas devant, les deux lumières bleues d’un bar pointent la source d’une bande-son latino-kitch. À en juger par les trémolos dans la voix des chanteurs, il s’agit d’un karaoké.

Une fenêtre météo se dessine pour mardi, dans quatre jours, pour quitter Curaçao vers l’Ouest. Le temps de laisser une petite dépression passer juste au-dessus de nous ce weekend et hop, le vent tourne en notre faveur. Pas pour longtemps. Sur notre route vers la Colombie, le Cabo de la Vela, gentiment surnommé le Cap Horn des Caraïbes, reprend du poil de la bête dès le weekend suivant. Aujourd’hui donc, premier contact avec les marinas de Carthagène des Indes. La première à nous avoir répondu est complète. On s’accroche.

 

30 octobre 2022 – 23h15, mouillage de Spanish Water, Curaçao

Journée découverte rapide de Curaçao en voiture. Un peu déçus. Le Sud de l’île, autour de Willemstad et des cheminées de son immense raffinerie, est très urbanisé, bétonné. Le Nord, qui ressemble à celui de Bonaire avec ses lagunes et ses cactus, est vide. Nous n’avions, cette fois, pas une voiture adaptée pour nous lancer sur les pistes du parc local. Avons décidé de nous rabattre sur une grotte. Bof.

Journée sauvée par Alexandra et Jean-Philippe, du catamaran Yapluka, que nous croisons et recroisons depuis les Canaries. Français installés au Québec, ils ont été contaminés par la fièvre d’Halloween. Déco d’enfer dans le cockpit.

 

 

31 octobre 2022 – 11h15, mouillage de Spanish Water, Curaçao

Formalités de sortie accomplies. Mañana, vamos a Colombia! Trois jours de navigation devant nous, derechef. Cette fois, serons de nouveau deux à bord. Ce soir, nous laisserons Jean-Paul dans un petit bed and breakfast charmant du centre-ville de Willemstad, où il attendra quelques jours son avion de retour pour la France. Cela faisait partie du deal: en bateau, on ne part pas quand on veut, mais quand on peut.

Les marinas de Carthagène sont pleines, celle de Santa Marta ne répond pas. La fenêtre météo, elle, est toujours là. Mañana, donc, on part. On ne sait pas pour où mais on part.

 

Jade au mouillage dans la baie de Spanish Water, dans le Sud de Curaçao.
Jade au mouillage dans la baie de Spanish Water, dans le Sud de Curaçao.

7 Comments

  1. Merci Estelle pour ce formidable reportage sur des endroits que nous découvrons grâce à toi.
    Attendons la suite avec impatience et vous attendons bien sûr au bout du voyage… à Tahiti!
    Toutes nos amitiés
    Isabelle et Patrick

  2. Lisser et ralonger la houle de mes pensées. Comme une définition de la méditation ? Naviguer et méditer, même approche ? Vous avez 3 heures (humour familial ?).
    Et les chaussons en forme de flamand rose : on veut une photo ! Bravo pour le style, nous vivons vraiment votre voyage avec vous …vivement le roman (la méditation d’Estelle et Christophe 🙂)

  3. Bonjour à vous deux, Je suis le beau-frère de Jean Paul et nous nous sommes croisés chez les Michèle & Michel H. Je vous suis avec plaisir et avidité dans vos textes et images. Quand vous serez à Carthagena, prenez le temps de visiter le (ou peut-être maintenant « ex-« ? ) Sofitel Santa Clara, dans la vieille ville. Un ancien couvent merveilleusement transformé en hôtel 5* et qui mérite largement d’y prendre un thé ou un cocktail. Prenez soin de vous, bon vent pour la suite et merci de nous transporter autour du monde. Bien amicalement, Marc

  4. Merci beaucoup Isabelle, et merci de nous suivre! Rendez-vous est pris pour Tahiti. On vous embrasse tous les deux.

  5. Merci papa! J’y ai pensé, effectivement, en écrivant cette phrase: il me semble d’ailleurs que j’ai déjà entendu cette image de la « houle des pensées » dans une exercice de méditation… (holala le plagiat).
    Je n’ai pas pensé sur le coup à prendre les chaussons-flamants-roses en photo, j’aurais dû… Il va falloir faire travailler ton imagination!
    Gros bisou.

  6. Merci Marc! C’est bien noté pour le Sofitel Santa Clara, on te tiendra au courant si jamais on passe y prendre un verre.
    On a dû « abandonner » Jean-Paul à Curaçao pour quelques jours, on ne pouvait pas louper la fenêtre météo pour la Colombie (le vent, par ici, ne souffle pas souvent dans le « bon sens »!). Son avion est ce weekend. Il s’éclate comme un fou à Willemstad en attendant.
    Bises!

  7. Merci Estelle, merci à vous deux pour ce partage d’étapes, toujours aussi agréable, je regrette de ne vous avoir pas vu cet été sur le sud-est, c’est comme ça, it’s life, it’s your life comme me dit régulièrement un ami niçois. recevez tous les deux mon amitié fidèle, 3b

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